Le mois dernier, je suis allée bosser à l’espace de coworking Volumes, situé 78 rue Compans à Paris et je suis tombée en arrêt devant une sorte de sculpture bizarre qui trônait dans le couloir. Ça m’a tout de suite fait penser à une sorte de kitchinette mais vu qu’il n’y avait pas d’explication sur l’utilité de l’objet et qu j’étais venue pour travailler, je ne me suis pas plus appesantie sur la question.
Et puis l’autre jour, alors que pour une fois je mangeais devant les informations de 13h, mon attention a été retenue par un bref reportage sur le biceps cultivatus. Un nom bien étrange pour … la sculpture (qui en fait n’est pas une sculpture mais un prototype d’un super projet) que j’avais vu la semaine d’avant !
Un prototype de cuisine intelligent et écologique conçu par 4 jeunes designers
Audrey Bigot, Valentin Martineau, Antoine Pateau et Yoann Vandendreissche sont quatre jeunes designers âgés de 25 ou 26 ans. Ils ont déjà travaillé sur des projets de cuisines axés sur la sobriété et sont soucieux de la maîtrise de l’énergie. Ils ont conçu le biceps cultivatus en 5 semaines seulement, lors du POC21 * qui s’est tenu au château de Millemont.
Une cuisine modulaire permettant l’autonomie énergétique
-
Conservation des aliments sans énergie
Le frigo est un très mauvaise idée pour conserver les fruits et légumes. Mais dans les appartements surchauffés, pas facile de les conserver en dehors. Ainsi est née l’idée de ce garde manger hors norme.
«Ce n’est pas une bonne pratique pour les fruits et légumes. Ils ne peuvent pas y mûrir et ils moisissent souvent dans le bac à légumes car on ne les voit pas», explique Audrey. Le module de cuisine crée permet ainsi de conserver les produits du potager dans un environnement proche des conditions naturelles de conservation. En haut, un placard à température ambiante pour stocker tomates, pommes ou aubergines et qu’on peut voir à travers un grillage pour les consommer à point. En bas, un bac de sable où carottes, navets, poireaux ou betteraves sont conservés à l’air libre. A mi-hauteur, un pot en céramique rempli de sable humide reconstitue une atmosphère sombre et fraîche, à 10 degrés, sans germes ni bactéries.
-
Transformation mécanique des aliments
Avec ce modèle de cuisine, on peut dire adieu au robot ménager électrique en s’équipant d’un bon vieux robot mécanique. Ici il sera actionné par l’intermédiaire d’une pédale et d’une chaîne à vélo. Certains dispositifs pourraient prendre moins de place, mais «ce processus est le plus simple à comprendre pour des amateurs», justifie Audrey.
Une cuisine idéale pour réaliser des potagers urbains
-
Culture aquaponique/ hydroponique & compostage des biodéchets
Les 4 amis ont déjà planché sur un module aquaponique. C’est-à-dire un bac de poissons, dans lequel on puise l’eau, riche en matière organique, pour alimenter un bac de culture hors-sol. Mais les poissons peuvent être encombrants dans une cuisine. Ils ont donc opté pour l‘hydroponie : c’est le même système sauf qu’à la place des poissons, on utilise un engrais naturel pour enrichir l’eau. Au lieu d’acheter des adjuvants, on peut créer son propre engrais en revalorisant les déchets de cuisine, grâce à des bacs de lombricompostage : ils contiennent des vers de terre qui digèrent les déchets organiques (tout sauf les œufs, les agrumes et la viande)et sont sans odeur. Le jus de compost qui en ressort sert d’engrais pour enrichir l’eau, et faire pousser du basilic par exemple. C’est un cycle vertueux.
Un projet en open source appropriable par tout le monde
Si ce projet vous plait, ne le cherchez pas en magasin. C’est un projet en open source facilement appropriable par tout un chacun. Rien n’a été inventé, seulement ceux sont des anciennes technologies oubliées qui ont été remises au goût du jour. Selon Valentin, les différents éléments ont été agencés entre eux, avec un regard de designers, pour que les gens se rendent compte qu’il est possible de devenir acteur de leur environnement et de leur système alimentaire. Les trois modules sont donc dans les tailles standard pour des meubles de cuisine, 40 x 90 cm, 60 x 90 cm et 120 x 60 cm.
Alors, vous aimeriez vous approprier quel module ?
* POC21 était une résidence d’innovation destinée à prototyper des solutions open source pour une société 0 carbone et 0 déchet. 100+ makers, designers, ingénieurs, scientifiques et geeks ont combiné leurs forces durant cinq semaines d’immersion intense dans un château français proche de Paris. Leur objectif : trouver des alternatives à notre culture de consommation destructrice et faire des objets open source et durable une nouvelle norme.
Sources de l’article : le Figaro & Industrie Techno
super projet